Être une femme dans l’Antiquité

Les femmes romaines

Inscription honorifique offerte à P. Annius Montanus par sa fille Annia Sabina et datée du 1er siècle après J.-C. © Rémy Gindroz

Selon le droit romain, les femmes naissaient sous la tutelle de leur père. Une fois mariées, leur statut était variable: l’épouse pouvait rester pupille de son père ou devenir celle de son époux, en fonction du régime matrimonial choisi. La femme ne possédait pas sa propre indépendance.    

Le mariage était un élément essentiel dans le tissage des différentes alliances familiales, dont la future épouse servait alors d’atout majeur. Une jeune femme issue de la bonne famille pouvait influencer la carrière du futur mari.

Ces mœurs évoluèrent légèrement avec le temps. Sous la période augustéenne (de 27 avant J.-C à 14 après J.-C.), afin de relancer la natalité, il fût offert aux femmes de la noblesse ayant eu plus de trois enfants de se libérer de toute tutelle. Les femmes affranchies (anciennes esclaves) avaient accès à ce statut après le quatrième enfant et les esclaves après le cinquième. C’est finalement l’empereur Claude (41 après J.-C à 54 après J.-C.) qui abolit la tutelle agnatique, tutelle plaçant l’entière famille sous le pouvoir du pater familias.

Au 2e siècle après J.-C., les femmes pouvaient rédiger elles-mêmes leur testament et devenir héritières. Elles avaient le droit de divorcer et de se remarier, cependant, en cas d’adultère, elles perdaient une partie de leur héritage.

Il est aussi à noter que le statut des femmes aurait pu varier et s’adapter aux différentes régions. Ainsi, ce qui était valable pour l’Italie pouvait parfois légèrement différer dans les territoires provinciaux. 

Malgré un rôle généralement en retrait, il existait aussi des charges importantes dans la société romaine qui incombaient aux femmes. C’était le cas notamment de la fonction de Vestale (prêtresse dédiée à la déesse Vesta) mais aussi des flaminiques (prêtresses dévouées au culte de l’impératrice). Ces prêtresses remplissaient ainsi une fonction publique de premier ordre, principalement honorifique, et contribuaient à asseoir le prestige de leur famille.

À Nyon, une inscription mentionnant l’une de ces flaminiques, Annia Sabina, fût retrouvée lors des fouilles de l’amphithéâtre et est aujourd’hui visible au Musée romain. La dédicace avait été réalisée par la prêtresse en l’honneur de son père, un notable très en vue dans la colonia.

En dehors de ces fonctions honorifiques, nous connaissons relativement peu les activités professionnelles féminines, notamment celles de conditions plus modestes. Généralement maîtresse de maison, c’est à la femme que revenait le travail de la laine au sein du foyer, comme en attestent de nombreux reliefs et confirmé par les pesons et autres outils du travail du textile, retrouvés au sein d’habitations. Certaines femmes étaient sages-femmes tandis que d’autres auraient exercé en tant que médecin, dentiste ou encore chirurgien. Il y avait aussi des affranchies ou esclaves nourrices qui devenaient par la suite gouvernantes. Les esclaves officiaient aussi plus généralement comme domestiques ou effectuaient les activités agricoles. D’autres épouses ont aussi certainement contribué à faire tourner les activités artisanales de leur mari. Certaines femmes ont aussi été mentionnées pour leur sens des affaires. Et tout ceci sans oublier bien entendu, les femmes qui pratiquaient le plus vieux métier du monde: la prostitution. 

Une grande partie des témoignages sur le rôle des femmes et leur statut nous sont fournis par le biais des stèles funéraires. Ces derniers, souvent élogieux, vantent les qualités d’une fille, d’une mère ou d’une épouse, résumant ainsi le rôle premier que se devait de tenir une femme romaine. Parfois même, les vertus de la femme sont effacées derrières celles d’un parent masculin, ceci plus couramment dans les classes supérieures.

Mais il existe aussi des stèles érigées par une épouse à son défunt mari, et l’inverse, avec parfois des dédicaces plus personnelles témoignant d’un profond attachement et montrant aussi une reconnaissance souvent mutuelle au sein d’un couple.

Ainsi, le statut des femmes romaines se révèle relativement complexe: bien que longtemps soumises à la tutelle de leur mari et vivant dans l’ombre de ces derniers, il existe pourtant de nombreux témoignages de femmes ayant cherché à acquérir plus d’indépendance et de reconnaissance. On pourrait également citer les impératrices comme Livie ou Agrippine, qui ont réussi à positionner leur fils en tant qu’empereur pour conserver une certaine importance au sein du pouvoir impérial. Mais ces cas très exceptionnels confirment surtout que le pouvoir des femmes des familles très haut placées s’exerçait d’abord par l’intrigue.

Bien que dépendantes de leur société et de ses normes, les traces laissées par ces femmes romaines nous indiquent que bon nombre d’entre elles ne souhaitaient pas être cantonnées aux fonctions domestiques.

Flore Higelin Musée romain de Nyon, 2020